O Dieu ! ma bouche balbutie
Ce nom des anges redouté.
Un enfant même est écouté
Dans le choeur qui te glorifie.
On dit qu'il aime à recevoir
Les voeux présentés par l'enfance,
A cause de cette innocence
Que nous avons sans le savoir.
On dit que leurs humbles louanges
A son oreille montent mieux ;
que les anges peuplent les cieux,
Et que nous ressemblons aux anges
Ah ! puisqu'il entend de si loin
les voeux que notre bouche adresse,
Je veux lui demander sans cesse
Ce dont les autres ont besoin.
Mon Dieu, donne l'onde aux fontaines,
Donne la plume aux passereaux,
Et la laine aux petits agneaux,
Et l'ombre et la rosée aux plaines.
Donne aux malades la santé,
Au mendiant le pain qu'il pleure,
A l'orphelin une demeure,
Au prisonnier la liberté.
Donne une famille nombreuse
Au père qui craint le seigneur ;
Donne moi sagesse et bonheur,
Pour que ma mère soit heureuse.
Que je sois bon quoique petit,
Comme cet enfant dans le Temple,
Que chaque matin je contemple
Souriant au pied de mon lit.
Mets dans mon âme la justice,
Sur mes lèvres la vérité ;
Qu'avec crainte et docilité
Ta parole en mon coeur mûrisse !
Et que ma voix s'élève à toi
Comme cette douce fumée
Que balance l'urne embeumée
Dans la main d'enfants comme moi.