L'ENFANT ET LES ANGES

A l'ange au regard bleu qui s'assied à ma droite,

Je dis : " Que faut-il faire en cette vie étroite,

* Au milieu des ennuis humains et des débats,

" Pour que j'aie à mes pieds une route sans pierre ? "

Et l'ange me répond, sa bouche à ma paupière :

" Prier le jour, prier le soir, prier tout bas ! . "

A l'ange dont le bras sur mon oreiller pose,

Je dis : " Que faire encor pour que l'âme repose,

" Et traverse sans fiel la vie au bruit moqueur,

" Pour que des longs soucis mon front calme se joue ? "

Et l'ange me répond, sa bouche sur ma joue :

" Ouvrir la bourse, ouvrir la main, ouvrir le coeur. "

 

A l'ange, mon gardien, qui m'aime et me ressemble,

Je dis : "Que faire encor pour que Dieu nous rassemble,

" Pour que toujours je t'aie au sommet de ma couche ? "

Et l'ange me répond, sa bouche sur ma bouche :

" Aimer ton père, aimer ta mère, aimer ton Dieu. "

 

A l'ange du Seigneur, dont l'oeil pur me regarde,

Je dis : " A toi toujours, à toi ma sainte garde !

" Car ma bourse est au pauvre, et l'aumône est ma loi ;

" Car j'aime Dieu, mon père et ma mère, et je prie ! "

Et l'ange me répond, avec sa voix chérie :

" Merci pour toi, merci pour Dieu, merci pour moi. "

HENRI CHEVREAU et LAURENT PICHAT.