LA ROBE ET L'INNOCENCE.
Ayant perdu sa robe, on dit que l'innocence
En vain pour la chercher courut chez le plaisir,
Chez la Fortune et la Puissance :
Qui la lui rapporta ? --- Ce fut le Repentir.
LACHAMBEAUDIE.
LE LÊZARD ET LA TORTUE.
" Pauvre Tortue, hélas ! s'écriait le Lézard.
--- Pourquoi pauvre ? --- Quelle misère !
Sans porter ta maison tu ne vas nulle part.
--- Charge utile devient légère. "
GUICHARD.
LA VIGNE ET L'ORMEAU.
La vigne devenait stérile,
Dépérissant faute d'appui ;
Un ormeau devint son asile :
" Si par moi, disait-il, je ne porte aucun fruit,
Je soutiendrai du moins une plante fertile. "
CAPELLE.
L'AIGLE ET LE LIMACON.
Au sommet d'un arbre grimpé,
Un jour l'oiseau du maître du tonnerre
Y voit un limacon : " Mes yeux m'ont-ils trompé ?
Dit-il : non, c'est bien là l'excrément de la terre ;
Et comment as-tu fait pour venir ? --- J'ai rampé. "
LAYET.
LA VIPÈRE ET LA MANGUE.
" Nous piquons toutes deux, commère,
A la Sangsue un jour disait une vipère ;
Et l'homme cependant te recherche et me fuit :
D'oû vient cela ? --- D'oû vient ? réplique la Sangsue ;
C'est que ta piqûre le tue,
Et que la mienne le guérit. "
LE BAILLY.
LE VILLAGEOIS ET LE FROMAGE.
Un rustre en son buffet avait mis un fromage,
Lorsque par une fente il aperçoit un rat ;
Vite il y fait entrer son chat,
Afin d'empêcher le dommage ;
Mais notre Mitis, aux aguets,
Mange le rat d'abord, et le fromage après.
LE BAILLY.