LA FOURMI.
Sur les cornes d'un boeuf revenant du labeur
Une Fourmi s'était nichée.
" D'où viens-tu ? lui cria sa soeur,
Et que fais-tu, si haut perchée ?
--- D'où je viens ? Peux-tu l'ignorer ?
Répondit-elle. Ma commère
Nous venons de labourer. "
VILLIERS.
L'ARAIGNÊE ET LE VER A SOIE.
L'araignée en ces mots raillait le Ver à soie :
" Bon Dieu, que de lenteur dans tout ce que tu fais !
Vois combien peu de temps j'emploie
A tapisser un mur d'innombrables filets,
--- Soit, répondit le Ver, mais ta toile est fragile ;
Et puis à quoi sert-elle ? à rien.
Pour moi, mon travail est utile ;
Si je fais peu, je le fais bien. "
LE BAILLY.
LE BUISSON ET LA ROSE.
" Comment ! déjà sur le retour ?
Ce matin même, à peine éclose,
Pauvre fleur, tu ne vis qu'un jour !
Disait le buisson à la rose.
--- Je n'ai pas vécu sans honneur,
Un parfum me métamorphose ;
Je laisse après moi bonne odeur ;
Puis-je regretter quelque chose ? "
LE BAILLY.
L'ANE ET LE CHARDON.
Un jour de l'automne dernier,
Un chardon tout en fleur fut atteint par la foudre.
Survint un âne : " Encor, si c'était un pommier
" Dont les fruits de mon maître abreuvent le gosier,
" Je rirais de le voir ainsi réduit en poudre.
" Mais un chardon, quel meurtre ! " --- Un passant l'entendit :
" Malpeste ! cria-t-il à la bête de somme,
" Comme un grain d'égoisme aux gens ouvre l'esprit !
" Vous êtes, mon grison, moins âne qu'on ne dit,
" Et vous raisonnez comme un homme. "
LE FILLEUL DES GUERROTS.
LA FUMÈE ET LA FLAMME.
La Fumée à la Flamme adressait ce discours :
" Ma mère, par quelle aventure,
Tenant l'être de vous, suis-je toujours obscure,
Tandis que vous brillez toujours ?
--- Cette aventure n'est pas neuve,
Ma fille ; et vous êtes la preuve,
Lui dit la Flamme, qu'ici-bas
On ne brille en effet que de son propre lustre.
Aux enfants il ne suffit pas
D'être sorti d'un père illustre.
LE BON GÈNIE.