AUX PIEDS DE MARIE

ANAÏS ***

Le soir, lorsque la brise, effleurant le feuillage,

Emporte dans les airs de suaves odeurs ;

Lorsque le ciel confond dans un commun hommage

La prière de l'âme et le parfum des fleurs,

Ah ! c'est l'heure que j'aime ! heure mystérieuse,

Où la terre a cessé ses murmures confus ;

Heure où j'écoute ici, solitaire et rêveuse,

La cloche du couvent qui sonne l'angélus.

 

Agenouillée alors dans la chapelle blanche,

O Marie ! à vos pieds mon âme qui s'épauche,

Libre des soins du jour,

Vous apporte sa foi, ses voeux et ses louanges,

Et mêle aux choeurs sacrés des saintes et des anges

Son cantique d'amour !

 

O Vierge ! ma patronne et mon guide fidèle,

Qu' elle est douce la paix qu'on trouve à vos genoux !

Retenez-moi toujours à l'ombre de votre aile,

Et que rien désormais ne m'éloigne de vous !

Que nul bruit d'ici-bas ne m'empêche d'entendre

Votre divin appel,

Accents mystèrieux d'une voix douce et tendre

Qui me vienne du ciel.

 

Voix qui me vient toujours consoler quand je pleure,

Qui vient me soutenir et me fortifier ;

Voix qui vibre à mon âme en tous lieux, à toute heure,

Qui me dit d'espérer, d'aimer et de prier...

Et, répandant aors au pied de votre image...

Ma prière et mes pleurs,

Je me sens tout à coup comme un nouveau courage

Pour toute mes douleurs !...

 

Quand vous daignez vers moi tendre vos mains divines

Pour guider votre enfant fragile et chancelant,

Dans ce sentier semé de ronces et d'épines,

dans ce rude sentier où l'on marche en tremblant ;

Ah ! combien je me sens heureuse et reposée

Sous ce bras protecteur !

Et comme une ineffable et celeste rosée

Vient inonder mon coeur !

 

La route m'apparait plus facile et plus douce,

Car vous sanctifiez tous nos pénibles jours,

Et tout ceux qu'on oublie et tous ceux qu'on repousse,

Trouvent en vous, Marie, espérance et secours !

Que de fois à vos pieds, mon coeur chargé d'alarmes

Ainsi se reposa,

Se confiant à vous, à vous, Vierge des larmes,

Mater dolorosa !

 

Veillez donc sur ma vie, étoile salutaire,

Dont le céleste éclat conduit les matelots.

Vous le savez, hélas ! nous avons sur la terre

Orages et tempête ainsi que sur les flots !

Oh ! soyez ici-bas ma patronne chérie

Et mes seules amours,

Car je veux être à vous, à vous, Vierge Marie,

Tout entière et toujours !...